Bienvenue
à la cuisine !
Mais,
qui donc est cette
Tante Léa ?
Léa
est née après guerre dans les pages de "La Libre-Belgique",
quotidien qui existe encore aujourd'hui. En 1982, j'ai trouvé,
dans un marché aux puces roubaisien, pour 2 francs,
un petit livre gris qui ne payait pas de mine : "Les propos
de Tante Léa, pour apprendre la cuisine à nos
filles". |
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Plutôt
que des recettes, on y trouve les grands principes de base
des techniques culinaires, grâce à quoi, avec
un peu d'imagination et de bon sens on peut offrir aux siens
une bonne cuisine à la fois saine et économique.
Bien sûr, quelques uns de ces principes ont vieilli,
ne serait-ce que parce que le matériel a changé
: on ne dispose plus, par exemple de ces vastes cuisinières
à charbon sur lesquelles on laissait mijoter un plat
pendant des heures, comme on a du mal à trouver certains
légumes, à l'époque réservés
aux "pauvres" et qui aujourd'hui demandent une bourse bien
garnie, les scorsonères, les topinambours et autres
rutabagas... Mais dans l'ensemble, tout reste applicable,
et les judicieux conseils de Léa me servent encore
aujourd'hui. |
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La Pâte
Brisée pour les tartes
de Tante Léa |
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Il
n'est pas de pâte plus commode que la pâte
brisée. Est-on pressée, on la prépare
en 10 minutes et on l'utilise immédiatement.
Préfère-t-on la laisser reposer une
heure ou plus, c'est tout aussi bien. Veut-on la
faire pour le lendemain, c'est encore bien. y met-on
du sucre, on obtient des tartes et des gâteaux;
la préfère-t-on salée, elle
permet toute la variété des pâtés
de viandes, barquettes,e t autres croûtes
garnies de volaille, champignons, etc... pour les
petites entrées délicates.
Comme
elle est très vite préparée,
et qu'elle n'est pas trop coûteuse, il est
bon que nos fillettes la connaissent, ce qui leur
permettra de réaliser les plats les plus
divers.
Caractéristiques
- La
pâte brisée ou pâte à
foncer sertessentielement à garnir de
pâte le fond et les parois des formes
(moules) à tartes, tartelettes, barquettes,
etc... On se rend compte tout de suite que,
pour former des fonds, il faut une pâte
qui ne se déforme pas, qui ne se boursoufle
pas, qui soit solide sans être ni trop
épaisse, ni dure à s'y casser
les dents. Voilà la clé de toutes
les manipulations qu'on lui fait subir.
Exemple
de pâte à tarte
- Pour
faire 4 tartes moyennes de 19 cm de diamètre,
prendre environ :
farine
600 g
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beurre
ou margarine 125 g
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oeuf
1
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eau
froide 2 à 4 décilitres
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sucre
en poudre 4 cuillères à
soupe
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sel
1 cuillère à café
à ras
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Travail
de la pâte
- Mélanger
la farine, le sucre, le sel et la margarine
coupée en petits dés; ajouter
les 3/4 de l'eau, travailler à la fourchette
puis à la main, sommairement jusqu'à
ce que la pâte ne colle plus aux doigts
: rajouter au besoin soit un peu de farine,
soit un peu d'eau. On voit dans la pâte
les petits grumeaux de margarine. Pour écraser
ceux qui sont restés trop gros, et
pour rendre la pâte lisse, on la "fraise",
c'est-à-dire qu'on l'écrase
en l'allongeant devant soi et en la laminant
sous la paume de la main et la base du pouce.
On refait une deuxième fois la même
opération. On met la pâte en
boule; on la divise en 4 pâtons; elle
ressemble à du mastic. La voilà
prête. Elle peut être employée
tout de suite, ou dans quelques heures, ou
le lendemain.
Quantité
de pâte pour une tarte :
- Il
faut, grosso modo, une poignée de pâte
grosse comme une pomme moyenne pour une tarte.
Cette quantité de pâte, qui correspond
à 150 à 250 g de farine, donnera
une tarte de 18 à 32 cm de diamètre,
suivant l'épaisseur qu'on lui laissera
au roulage et les garnitures qu'on désire.
Ainsi, par exemple, une pâte faite avec
250 g de farine et 125 g de beurre donnera
soit une seule tarte de 22 cm avec gros bord
et croisillon de garniture, soit une grande
tarte de 31 cm sans double bord ni croisillons,
soit une tarte de 19 cm avec couvercle, soit
3 tartes de 18 cm sans double bords ni croisillons.
Roulage
de la pâte :
- En
théorie, la pâte brisée
s'abaisse à 1/2 cm d'épaisseur;
ceci est surtout à recommander pour
les grandes tartes, pour qu'elles aient assez
de solidité au moment du défournage.
Mais, dans la pratique familiale, où
le coût joue un certain rôle,
et où on juge parfois plus intéressant
d'avoir 2 tartes avec moins de pâte,
on peut sans crainte abaisser la pâte
plus mince : elle n'en sera que meilleure,
car, dans certains fours insuffisants, il
arrive trop souvent que les pâtes épaisses
ne soient pas cuites à fond; 2 à
3 mm donnent d'excellents résultats
pour les tartes moyennnes; quant aux tartelettes,
1 à 2 mm d'épaisseur suffisent.
Garniture
de la tarte :
- Reprenons
une de nos boules de pâte, posons la
sur le grand papier enfariné qui couvre
la table. Frottons de la farine sur le rouleau
et abaissons la pâte à 2 mm d'épaisseur.
C'est très facile, car la pâte
brisée se roule à merveille.
Nous obtenons un disque qui doit avoir 6 cm
de plus que la forme à tarte. Laissons
tomber la pâte dans la forme graissée,
enfonçons la bien, au moyen des deux
pouces, dans tout le pourtour du bord. Passons
le rouleau sur le bord de la forme, cela coupera
la pâte superflue. Repétrissons
un instants les déchets, abaissons-les
et coupons-y d'abord une bande large comme
le bord de la forme; nous doblerons ainsi
le bord de la tarte, ce qui est plus agréable;
il suffira d'humecter une des faces de cette
bande et de l'appliquer sur l'autre pâte
en appuyant un peu. Posons une couche d'un
bon centimètre de compote de pommes
sur la pâte. dans le reste du déchet,
découpons des lanières que nous
disposerons en croisillons, ce qui donnera
à notre tarte un aspect plus engageant.
Dorure:
- Avant
d'enfourner, passons un vernis au pinceau
sur les croisillons et le bord de la pâte.
Ce vernis sera fait soit à l'oeuf entier
battu, soit au jaune d'oeuf allongé
de quelques gouttes d'eau. En général,
on n'emploie pas un oeuf rien que pour cela
: au moment du pétrissage, on prélève
une cuiller à café de l'oeuf
qu'on va mettre dans la pâte, et on
le laisse en attente au frais. Faute d'oeuf,
humecter la pâte d'eau froide, cela
donne un léger brillant, mais beaucoup
moins beau que l'oeuf.
Cuisson
:
- Environ
1/2 heure au four assez chaud. Faire refroidir
sur grille, car sur une assiette, la vapeur
ne pourrait s'échapper et détremperait
la pâte.
Compote
:
- Compter
1/2 kg de pommes pour une tarted'environ 20
cm. Pour 4 tartes de 19 cm : 2 kgs d epommes
reinettes; les éplucher, les couper
en quartiers, les couvrir de 2 dl d'eau froide
(moins d'eau quand les pommes sont juteuses);
les cuire 1/4 d'heure avec couvercle; passer
au tamis, ajouter 40 morceaux de sucre environ.
Dès qu'il est fondu, mettre la compote,
chaude ou froide, sur la tarte.
Cuisson
à blanc :
- On
peut, si l'on préfère, garnir
les tartes après cuisson. Dans ce cas,
on cuit les croûtes seules, après
les avoir couvertes d'un papier et d'un chargement
de légumes secs, farine ou noyaux de
cerises séchés, destinés
à empâcher, par leur poids, la
pâte de se boursoufler; ce papier sera
graissé du côté de la
pâte : son rôle est d'éviter
que les noyaux ne s'incrustent dans la pâte.
Après 20 mn de cuisson, enlever papier
et noyaux, dorer les bords de la croûte
au pinceau, et remettre la pâte 5 mn
au four pour lui faire prendre couleur.
Proportions
pour la pâte brisée :
- Proportions-type
: 500 g de farine, 250 g de corps gras, 2
à 3 dl d'eau, 10 g de sel, 2 fraisages
de la pâte. repos de 1 à quelques
heures. Abaisser de 1 à 5 mm.
Corps
gras :
- Tous
conviennent : beurre, margarine, saindoux,
graisse de friture, -non fondus mais coupés
en petits dés et mêlés
à la farine avant les autres ingrédients.
La base est de 50% de corps gras par rapport
à la farine, mais on peut sans inconvénient
diminuer cette quantité de moitié.
L'extrême limite est de 10% :ceci donne
une pâte qui se coupe difficilement
à table; il vaut mieux ne l'employer
que pour les tartelettes, qu'il ne faut pas
découper. Avec moins de 10 % de corps
gras, on obtient une pâte cartonneuse
dans laquelle il est impossible d'enfoncer
les dents.
Eau
:
- Malgré
la quantité de beurre, on mouille la
pâte de presque autant d'eau que pour
une pâte à pain : en effet, le
corps gras reste dur, non fondu, et n'imbibe
pas la pâte crue. Pour éviter
la fonte du corps gras par la chaleur des
mains, les professionnels travaillent sur
un marbre. On remplace parfois l'eau par du
lait.
Oeufs
:
- On
peut en mettre 1 ou 2 par 500 g de farine;
dans ce cas, on diminue en conséquence
la quantité d'eau.
Pour
éviter les boursouflures :
- Celles-ci
donneraient aux tartes un vilain aspect, mais
que dire des barquettes qui doivent être
garnies : comment les rempliraient-on si elles
se bombaient? La pâte brisée
doit donc à tout prix rester plate.
On y arrive de plusieurs manières :
-
Par un travail sommaire : un long pétrissage
de la pâte aurait deux inconvénients
: le corps gras risquerait de fondre à
la chaleur des mains; de plus on incorporerait
beaucoup d'air dans la pâte; celui-ci
se dilaterait à la chaleur dans le
four, le fond de pâte se "gondolerait"
irrégulièrement; c'est pourquoi
on travaille toujours très peu la pâte
brisée.
- C'est
dans le même but, nous l'avons vu, qu'on
cuit les croûtes à blanc en les
chargeant de noyaux.
-
Par des piqûres destinées à
évacuer la vapeur : si l'on craint
d'avoir trop travaillé la pâte,
il est bon de piquer les dents d'une fourchette
de place en place dans le fond de la pâte,
avant enfournement. Ces piqûres ne sont
vraiment indispensables que dans les tartes
avec couvercles, où il faut assurer
les échappées de vapeur dans
ce dernier.
Repos
:
- Quand
la pâte attend 12 heures, elle se dessèche
en surface et forme croûte; pour éviter
ce petit ennui, la couvrir d'un linge humide.
Si la croûte s'est formée, rouler
la pâte en posant le côté
croûte contre la table, ainsi la surface
où passe le rouleau est lisse et se
travaille sans accrocs.
Retrait
de la pâte brisée :
- Tout
comme la pâte feuilletée, la
pâte brisée a tendance à
se "retirer" pendant la cuisson, c'est-à-dire
qu'elle diminue de largeur, et ceci à
tel point que tout le bord de la tarte disparait
parfois. Cet accident est rare, et le retrait
n'est en général que de 1 mm,
ce qui est sans importance. beaucoup de praticiens
disent que la pâte doit reposer au moins
une heure pour perdre son excès d'élasticité
et éviter le retrait. Il est possible
que ce soit exact, mais lors d'expériences
où j'ai divisé ma pâte
en en 4 tartes identiques, cuites respectivement
sans repos, avec repos d'une heure, de 18
heures et de 26 heures, le retrait a été
quasi nul pour toutes, les bords sont restés
parfaits. Il semble donc que le retrait soit
dû à une autre cause, encore
non élucidée.
-
EN
RÉSUMÉ
1)
la pâte brisée sert spécialement
pour les fonds de tartes ou d'entrées
chaudes;
2)
pour éviter les boursouflures, piquer
la tarte à la fourchette avant d'enfourner;
travailler la pâte le moins possible
pour ne pas y introduire trop d'air et pour
éviter la fonte du corps gras par
la chaleur des mains;
3)on
roule la pâte brisée à
5 mm d'épaisseur pour les grandes
tartes; pour les moyennes, 2 à 3
mm suffisent, et même 1 mm pour les
tartelettes;
4)pour
coller deux morceaux de pâte, il suffit
d'humecter d'eau froide une des faces à
réunir, et d'appuyer légèrement;
5)
la pâte brisée a tendance au
retrait, ceci est encore inexpliqué;
on dit que le repos lui fait perdre son
excès d'élasticité
et qu'ainsi elle se retire moins; cela ne
se vérifie pas toujours;
6)
proportions : se rappeler que la base de
la pâte brisée est : corps
gras = 1/2 poids de la farine. Avec 1/5
du poids, on obtient encore un résultat
satisfaisant; ne pas descendre sous 1/10
du poids, sinon la pâte devient cartonneuse.
NDLR
: Cette page cuisine sur la pâte brisée
de Tante Léa était initialement
présentée dans "les Vieux Echos
de la Mode" de aout-septembre-octobre 1999
Armelle Vancaeyzeele
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