Les plus assidues des Vieux Echos reconnaitront ce motif, présenté dans le 1° numéro et intitulé "Guirlande de roses"...

Ma grand mère adorait les coussins... il y en avait partout dans sa maison, sur les fauteuils et les canapés, bien sur, mais aussi sur toutes les chaises, sur les lits, et même dans des coins de pièces où ils donnaient, je suppose, une atmosphère de confort douillet...

Je ne m'étais jamais demandé pourquoi tant de coussins : je les voyais simplement, ils faisaient partie intégrante de la maison de Mémé, je les connaissais et les reconnaissais pour les avoir toujours connus, et voilà...


Ce motif était brodé sur un fond noir, et chaque "oeil" de la queue du paon était ornée d'un mini-sequin... mais elle n'avait pas fait les fleurs!

Celui-ci est un modèle de canevas, parfaitement adaptable au point de croix. Notez les côtés remontants et froncés, typiques des années 30... Ces côtés étaient faits de tissus épais et chatoyants, velours ou reps.

Elle nous a laissé, avec bien d'autres objets, sa multitude de coussins... Certains ont vite été choisis par les nombreux petits-enfants. Et il en est resté un certain nombre : non qu'ils étaient moins beaux que les autres, mais notre génération en a sans doute moins besoin, ou moins envie...

Et les voilà revenus à la surface : ils étaient stockés "en attendant" (de resservir un jour, sans doute) dans le grenier de mon père. Alors qu'il m'entendait parler coussins (neufs) avec mes soeurs, il a bondi sur l'occasion de faire de la place et m'a proposé les coussins de Mémé :

Encore un modèle aux côtés remontants et froncés; le centre est en broderie Richelieu, travail plein de finesse et de délicatesse...


La demi-lune aussi est typique des années 30. Ici le bord est en ruban volanté, et le cordon ajoute à la décoration...

"Tu pourras toujours récupérer la bourre à l'intérieur, ce n'est pas la peine d'acheter..."

Je n'ai jamais trop de sous. Alors je dis "Pourquoi pas, bonne idée, merci Papa" et nous voilà grimpés au grenier pour chercher ces fameux coussins...

De retour à la maison, force est de constater qu'ils sentent le renfermé... hop, un petit tour de machine à laver pour arranger ça!

"Les perruches", avec les fleurs, les animaux étaient un thème fort couru. Ici, version "coussin" entouré d'une dentelle crochetée...


Franchement années 50 pour ce coussin de satin rose et son compère recatngulaire, ornés de soyeuses guirlandes de roses...
Dans la machine, deux des coussins se sont ouverts... l'un contenait un bourrage de laine brute, du "kapok", qui s'était éparpillé partout, et l'autre était rempli de chutes de tissus diverses, restes de coupes de robes ou de manteaux, morceaux de doublures et de lainages, et mêmes d'anciennes broderies "bordures d'étagères" qu'elle avait mises au rebut... mais ce coussin-là, je m'en souvenais bien : il n'avait jamais été très confortable!

"Pour agrémenter un fauteuil, un sofa, ou posé à même le sol...", disait le magazine qui proposait ces ouvrages...

Dans cette "aventure", deux choses m'ont fait sourire :
d'abord, j'imagine très bien ma grand mère recevant des "étrangers", les invitant avec force politesses à s'asseoir sur son canapé garni entre autres de ce fameux coussin... et ces dames et messieurs maniérés d'installer leur digne séant sur quelques coussins remplis de "vieilles foufes"...


Ensuite, dans les anciennes broderies retrouvées au fond du fameux coussin, il y avait quelques motifs qui ne m'étaient pas inconnus pour les avoir moi-même brodés l'année précédente : je les avais trouvés dans mes propres collections de broderies anciennes... Je ne savais pas à ce moment-là que ma grand mère avait brodé exactement les mêmes environ 50 ans auparavant!
C'est ce cuisinier qui tente de rattrapper le lapin qui s'enfuit de la casserole que j'avais déjà brodé, sans le savoir, une cinquantaine d'années après ma grand mère... Quelle que soit l'âge de cette petite scène, elle n'a rien perdu de son comique! Quand au canard avec son parapluie, je l'ai trouvé drôle aussi!
Et voilà la fameuse "bourre" retrouvée éparpillée dans la machine à laver... c'est du "kapok", destiné aussi aussi à garnir les matelas. On dirait presque que c'est de la laine "brute" de mouton.
Il faut être honnête, les plupart des coussins en étaient remplis, et je dois avouer que c'est quand même confortable. Cependant, comparé aux garnissages actuels proposés dans le commerce en "dacron", le kapok donne un aspect moins lisse, et les coussins même bien remplis semblent lourds et massifs plutôt que gonflants et légers...

Les illustrations des différents coussins ont été reprises dans le dossier "broderies" de ma grand mère.