15 mars 1911
"La femme chez elle"
Revue mensuelle publiée sous la direction de Melle Laure Tedesco
- 13 ème année n° 147 - 25 centimes le numéro

"Puisque tout le monde en parle, parlons-en aussi de cette affreuse jupe pantalon, mais gardons-nous d'en dire du bien. On ne peut que médire d'une pareille excentricité, n'est-ce pas votre avis ? Jusqu'à présent, elle n'a heureusement été portée que par des étrangères que fascinent les modes de Paris et à qui on ferait adopter n'importe quelle invraisemblance (pour ne pas employer d'autre mot) en leur en affirmant le succès auprès des Parisiennes. Espérons, car il est encore permis d'espérer, que d'un côté les couturiers en renom et de l'autre les femmes comme il faut, uniront leurs efforts pour nous préserver de cette partie du costume de la sultane. On dit qu'une richissime Américaine osa paraître récemment dans un de nos plus grands théâtres affublée d'une jupe pantalon de satin blanc et chaussée de souliers de satin noir à talons rouges. Autour des chevilles pour plus de couleur locale, tintaient des anneaux d'or.

L'excuse d'une pareille toilette était la proximité du carnaval. A cette époque, il est amusant de revêtir les atouts d'une femme turque, mais il ne faut pas que le déguisement dure trop longtemps ! Les sultanes font venir leurs robes de Paris, allons-nous leur prouver qu'elles ont tort en nous habillant comme à Constantinople ?

S'il nous faut à tout prix du changement, revenons plutôt aux gracieuses modes d'autrefois que les grands couturiers, avec une patience digne d'éloges, essayent d'acclimater, sans aucun succès depuis plusieurs années déjà. Les jupes très froncées autour des "tailles de guêpe" contrastent d'une façon trop flagrante avec la silhouette tout d'une pièce à laquelle nous nous sommes habituées peu à peu. Et il est fort probable que les jupes étoffées n'auront pas la vogue qu'espèrent leurs parrains. En les attendant, on continue à faire des tailleurs à jupe courtes et à jaquettes courtes également, des robes de soir à taille empire et à tuniques étroites.

Je vous ai déjà dit quelques mots sur les chapeaux de printemps; ne vous étonnez pas de me voir revenir aujourd'hui sur ce sujet, car chaque jour la mode se précise davantage et les vitrines des modistes se font de plus en plus tentantes, surtout lorsqu'un gai soleil se joue parmi les fleurs et les soieries des coiffures qui s'y trouvent rassemblées.Tant qu'il pleut et qu'il vente, on ne s'aperçoit pas que les chapeaux d'hiver sont défraîchis, et à moins d'une cérémonie mondaine, on continue à les porter sans souci de leurs garnitures fanées. Mais que dans l'air passent les premiers effluves du printemps, que quelques timides rayons de soleil percent l'épaisseur des nuages et immédiatement un changement s'impose. En ce moment on voit beaucoup de chapeaux qu'il serait plus juste de baptiser du nom de bonnets car avec leurs hautes calottes et leur absence presque complète de bords, ils ressemblent étrangement aux bonnets de nos paysannes.
Certains, avec leurs calottes souples retombant de côté, font même penser à l'inesthétique bonnet de coton ! Inutile de dire qu'ils ne sont pas parmi ceux que je préfère. Dans ce domaine, comme dans celui des robes, les plus jolis modèles ne sont pas parmi les plus excentriques, et c'est en général aux plus simples que vont toutes les préférences.On voit beaucoup de petits toquets de paille, de toquets de taffetas, et de toquets de crin dont le garnitures se recrutent pour la plupart parmi les tulles et les rubans qui sont les ornements consacrés de la demi-saison. Le velours également n'est pas encore tout à fait abandonné et il n'a pas à souffrir du voisinage des rubans clairs et des fleurs printanières. Les rubans s'arrangent joliment en grands nœuds souples que l'on continue à placer vers l'arrière du chapeau ; certains sont réguliers et doivent être placés d'une manière symétrique ; d'autres, au contraire, présentent des coques très dissemblables les unes des autres et se piquent un tant soit peu de travers, inclinées tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche, suivant ce qui sied le mieux à la physionomie."

"La femme chez elle"
Revue mensuelle publiée sous la direction de Melle Laure Tedesco
- 13 ème année n° 147 - 25 centimes le numéro.

"Recettes pratiques"

  "Pour enlever les tâches de bougie, passez un fer chaud sur un papier de soie appliqué sur la tâche même. On peut aussi appliquer une feuille de papier à cigarettes ou de papier fin, séparant les cartes de visites, et tenir une allumette enflammée aussi près que possible. Ou bien encore, frotter avec un linge imbibé d'alcool à 90°, qui dissout et enlève le cire."

"Super pratique"

"Si vous rentrez de la promenade avec des chaussures trempées, gardez-vous de les sécher au four du fourneau ou à la flamme du foyer, mais faites chauffer dans une vieille poêle deux grosses poignées d'avoine. Introduisez cette avoine dans les souliers, elle enlèvera toute trace d'humidité sans altérer la souplesse du cuir."  

 

  "Si les poulettes de votre basse-cour sont paralysées, frottez-leur les pattes avec du pétrole."