"Puisque
tout le monde en parle, parlons-en aussi de cette affreuse jupe
pantalon, mais gardons-nous d'en dire du bien. On ne peut que
médire d'une pareille excentricité, n'est-ce pas votre avis ?
Jusqu'à présent, elle n'a heureusement été portée que par des
étrangères que fascinent les modes de Paris et à qui on ferait
adopter n'importe quelle invraisemblance (pour ne pas employer
d'autre mot) en leur en affirmant le succès auprès des Parisiennes.
Espérons, car il est encore permis d'espérer, que d'un côté les
couturiers en renom et de l'autre les femmes comme il faut,
uniront leurs efforts pour nous préserver de cette partie du costume
de la sultane. On dit qu'une richissime Américaine osa
paraître récemment dans un de nos plus grands théâtres affublée
d'une jupe pantalon de satin blanc et chaussée de souliers de
satin noir à talons rouges. Autour des chevilles pour plus de couleur
locale, tintaient des anneaux d'or.
L'excuse
d'une pareille toilette était la proximité du carnaval. A cette
époque, il est amusant de revêtir les atouts d'une femme
turque, mais il ne faut pas que le déguisement dure trop longtemps
! Les sultanes font venir leurs robes de Paris, allons-nous leur
prouver qu'elles ont tort en nous habillant comme à Constantinople
?
S'il
nous faut à tout prix du changement, revenons plutôt aux gracieuses
modes d'autrefois que les grands couturiers, avec une patience
digne d'éloges, essayent d'acclimater, sans aucun succès
depuis plusieurs années déjà. Les jupes très froncées autour des
"tailles de guêpe" contrastent d'une façon trop flagrante avec la
silhouette tout d'une pièce à laquelle nous nous sommes habituées
peu à peu. Et il est fort probable que les jupes étoffées n'auront
pas la vogue qu'espèrent leurs parrains. En les attendant, on continue
à faire des tailleurs à jupe courtes et à jaquettes courtes également,
des robes de soir à taille empire et à tuniques étroites.
Je
vous ai déjà dit quelques mots sur les chapeaux de printemps; ne vous
étonnez pas de me voir revenir aujourd'hui sur ce sujet, car chaque
jour la mode se précise davantage et les vitrines des modistes se
font de plus en plus tentantes, surtout lorsqu'un gai soleil se joue
parmi les fleurs et les soieries des coiffures qui s'y trouvent rassemblées.Tant
qu'il pleut et qu'il vente, on ne s'aperçoit pas que les chapeaux
d'hiver sont défraîchis, et à moins d'une cérémonie mondaine, on continue
à les porter sans souci de leurs garnitures fanées. Mais que dans
l'air passent les premiers effluves du printemps, que quelques timides
rayons de soleil percent l'épaisseur des nuages et immédiatement un
changement s'impose. En ce moment on voit beaucoup de chapeaux qu'il
serait plus juste de baptiser du nom de bonnets car avec leurs
hautes calottes et leur absence presque complète de bords, ils ressemblent
étrangement aux bonnets de nos paysannes.
Certains, avec leurs calottes souples retombant de côté, font
même penser à l'inesthétique bonnet de coton ! Inutile de dire
qu'ils ne sont pas parmi ceux que je préfère. Dans ce domaine, comme
dans celui des robes, les plus jolis modèles ne sont pas parmi les
plus excentriques, et c'est en général aux plus simples que vont toutes
les préférences.On voit beaucoup de petits toquets de paille, de toquets
de taffetas, et de toquets de crin dont le garnitures se recrutent
pour la plupart parmi les tulles et les rubans qui sont les ornements
consacrés de la demi-saison. Le velours également n'est pas encore
tout à fait abandonné et il n'a pas à souffrir du voisinage des rubans
clairs et des fleurs printanières. Les rubans s'arrangent joliment
en grands nœuds souples que l'on continue à placer vers l'arrière
du chapeau ; certains sont réguliers et doivent être placés d'une
manière symétrique ; d'autres, au contraire, présentent des coques
très dissemblables les unes des autres et se piquent un tant soit
peu de travers, inclinées tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche,
suivant ce qui sied le mieux à la physionomie."
"La
femme chez elle"
Revue mensuelle publiée sous la direction de Melle Laure Tedesco
- 13 ème année n° 147 - 25 centimes le numéro.
"Recettes
pratiques"
"Pour
enlever les tâches de bougie, passez un fer chaud sur un papier de
soie appliqué sur la tâche même. On peut aussi appliquer une feuille
de papier à cigarettes ou de papier fin, séparant les cartes de visites,
et tenir une allumette enflammée aussi près que possible. Ou bien
encore, frotter avec un linge imbibé d'alcool à 90°, qui dissout et
enlève le cire."
"Super
pratique"
"Si
vous rentrez de la promenade avec des chaussures trempées, gardez-vous
de les sécher au four du fourneau ou à la flamme du foyer, mais faites
chauffer dans une vieille poêle deux grosses poignées d'avoine. Introduisez
cette avoine dans les souliers, elle enlèvera toute trace d'humidité
sans altérer la souplesse du cuir."
"Si
les poulettes de votre basse-cour sont paralysées, frottez-leur les
pattes avec du pétrole."