DAGOBERT ler
600 env- 639
Roi d'Austrasie (623-629)
Roi des Francs (629-639)

I. Introduction

Le règne de Dagobert (632 - 639) fut l'une des apogées de la civilisation mérovingienne. Dagobert est d'ailleurs avec Clovis et Charlemagne l'un des monarques que l'histoire a retenu dans la galerie des rois du haut Moyen Age. Les moines de Saint Denis ont beaucoup écrit à son sujet, mais l'ont transformé en héros de légende en signe de remerciement pour les dons et faveurs qu'il a accordés à l'église (à l'inverse, la Révolution en fera un "bouffon").

Parmis les rois du haut moyen-âge, les rois mérovingiens, Clotaire II (584-629) réussit à mettre un peu d'ordre chez les Francs, mais c'est surtout la figure de son fils Dagobert Ier, qui se détache : son règne a duré de 629 à 639. Le roi rendit la justice aux pauvres comme aux riches, sans frais, sons considération personnelle, dormant peu, mangeant sobrement, attentif à faire en sorte que tous se retirassent de sa présence pleins de joie et d'admiration.

Sans doute est-ce pour cette raison qu'il a plu ou peuple et que le souvenir du " bon roi Dagobert " a traversé, si heureusement, les siècles. Sa vie a été célébrée par les moines de l'abbaye de St-Denis, qu'il a protégée, et où il a choisi de se faire enterrer, ce que les rois de France firent après lui.

Sa légende naissait. Près de Dagobert Saint-Eloi, l'habile orfèvre, rapelle l'importance des trésors pour ces princes descendants de pillards, leur goût pour les objets d'or ornés de pierres précieuses et le souci d'en parer le les églises.

A côté de ces roi, émergeaient aussi les maires du palais. Le major domus était désigné pour administrer l'une des trois parties du royaume des Francs, mais, avec le temps, il devint, face au roi, le représentant des noblesse de Neustrie, de Bourgogne ou d'Austrasie. Les maires du palais s'affrontèrent et tentèrent comme roi leur propre candidats parmis les descendants de Clovis. Une lignée de maires du palais finit par s'installer.

Dagobert Ier avait réussi à contrôler le maire du palais d'Austrasie, Pépin, auquel il avait été confié dans sa jeunesse. Mais après la mort de Dagobert, le royaume, ayant connu bien des secousses, le petits-fils de ce Pépin, Pépin de Herstal, réuissit à reconstituer l'unité du rouyaume franc, tout en conservant un roi mérovingien aux pouvoirs bien limités.

II. DAGOBERT Ier, roi des Francs

Né vers l'an 600 à Épinay, Dagobert est le fils de Clotaire II et de Bertrude. Afin de satisfaire le particularisme de l'aristocratie austrasienne, que dominait le maire du palais Pépin de Landen et Arnould l'évêque de Metz, son père l'avait envoyé en Austrasie comme roi dès 623. Mais Clotaire II conserve une partie de l'Aquitaine, la région située à l'ouest des Ardennes et des Vosges.

En 626, Clotaire fait venir Dagobert à Clichy et le contraint d'épouser Gomatrude, sœur de Sichilde, troisième épouse de Clotaire II. Trois jours après les noces, Dagobert réclame les territoires de son père a gardés. Une assemblée de 12 dignitaires, règle le litige et restitue au fils ce qu'il revendique à l'exception de l'Aquitaine austrasienne et de la Provence que Clotaire continue de gouverner.

En 629, à la mort de son père, Clotaire II, selon la coutume mérovingienne, Dagobert doit hériter de l'Austrasie et de la Burgondie, tandis que son demi-frère, Caribert, doit gouverner la Neustrie. Dagobert est déjà roi d'Austrasie , il se fait élire roi de Bourgogne et de Neustrie, mais dans ce dernier royaume rencontre des difficultés en la personne de Brodulf, oncle de Caribert, qui tente au nom de celui-ci de s'emparer du royaume. Dagobert fera exécuter quelques temps plus tard le comte Brodulf.

Contrairement aux précédents rois mérovingiens qui auraient éliminé Caribert, Dagobert, lui, l'épargne et le nomme roi en Aquitaine et en Languedoc avec mission de contenir les Basques. Dagobert parcourt ses trois royaumes, il les contrôle et s'en approprie les trésors.

En 632, Caribert ( son frère) meurt, Dagobert fait alors assassiner son très jeune fils, Chilpéric, et devient ainsi le roi unique des Francs, comme avant lui, Clovis, son arrière-grand-père, et Clotaire II son père. Caribert étant mort, les Basques reprennent l'offensive et détruisent, dans la vallée de la Sioule, l'armée d'un duc franc, Alembert, qui est tué en traversant un défilé dans les Pyrénées aux environs de Mauléon

Dagobert réside en Neustrie et fait de la région parisienne le centre de son royaume , comme son père l'avait fait avant lui. Ses domaines favoris sont Creil, Clichy, Épinay et Reuilly où il répudie la reine Gomatrude et l'expédie à Romilly, pour épouser une servante, Nanthilde, dont il a un fils, Clovis II. Dagobert a d'autres épouses, Vulfégonde puis Berthilde et Raintrude (ou Ragnetrude), mère de Sigebert III. Le roi a beaucoup de concubines !

Il dut cependant composer à son tour avec les exigences de l'aristocratie et donner pour roi aux Austrasiens son fils Sigebert (fils de Raintrude), alors en bas âge (634). En réalité, ce sont Chunibert, évêque de Cologne, et Adalgisel, maire du palais, qui gouvernent le royaume d'Austrasie en son nom. Afin d'éviter que son premier fils ne s'approprie un jour la totallité du royaume, Dagobert attribua de son vivant à son second fils, Clovis II, la Bourgogne et la Neustrie..

En 637, il soumet militairement les Gascons en les poursuivant au-delà des Pyrénées, ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'étaient parvenu à faire avant lui. En automne, des ambassadeurs basques viennent, au palais de Clichy, prêter serment de fidélité, Dagobert leur accorde son pardon et les oblige à reconnaître sa suprématie.

L'Armorique est divisée en trois parties : le pays de Vannes, la Cornouaille et la Domnonée. Ces trois parties sont peuplées de Celtes émigrés de Grande-Bretagne. Judicaël est le premier prince breton à régner sur la Domnonée en Armorique du nord Ses bandes prennent possession des cités de Rennes et Nantes qui sont soumises aux Francs. Dagobert lui envoie, en ambassade, son trésorier Éloi pour négocier la paix. Judicaël accepte de restituer les cités et de se rendre auprès de Dagobert à Clichy et fait serment que lui et son royaume seraient toujours sous la domination de Dagobert et de ses successeurs. Les Bretons aussi reconnaissent la suprématie de Dagobert.

Dagobert est le plus brillant des souverains de la dynastie mérovingienne : diplomate, il écarte les menaces en évitant les guerres; perspicace, il s'appuie sur l'église et sur le peuple pour tenir tête aux grands aristocrates, afin de neutraliser Pépin de Landen, il le garde auprès de lui en Neustrie et désigne Aega comme maire du palais de Neustrie. En plus de Pepin (ancêtre des carolingiens), Dagobert est conseillé par des évêques de qualité, comme Saint Eloi (qui est à cette époque trésorier du royaume), Saint Ouen, Saint Omer ou Arnoul de Metz. Sous leur impulsion, il multiplie les fondations religieuses et charitables : c'est lui qui fondera en 625 l'abbaye de Saint Denis. Les jours de fête, Dagobert trône sur un siège en or forgé par saint Éloi.

Le Trône de Dagobert

Le 19 janvier 639 le "bon roi Dagobert", encore très jeune, souffrait de "flux de ventre" est fut emporté, quelques temps plus tard par une crise de dysenterie. Il fut inhumé à l'abbaye de Saint-Denis qui devint alors le tombeau des rois le suivirent. Après Dagobert la dynastie va connaître un déclin rapide. A la mort de Dagobert en 639, l'unité du royaume sous l'autorité d'un monarque mérovingien est définitivement de l'histoire ancienne. Le territoire est à nouveau partagé entre ses deux fils :

    • Sigebert III qui a 9 ans et hérite de l'Austrasie et de l'Aquitaine,
    • Clovis II qui n'a que 4 ans et hérite de la Neustrie et de la Bourgogne.

C'est à partir de cette période que la décadence de la dynastie mérovingienne commenca et que le pouvoir effectif passa entre les mains des Maires du Palais (sortes de 1er Ministres), issus de riches familles aristocratiques.

III. Dagobert, un "bon" roi

Pendant les dix années de son règne, Dagobert a joui d'un pouvoir absolu, et la postérité en a gardé le souvenir, embelli par la comparaison avec ses médiocres successeurs. Il fut l'un des très rares rois Mérovingiens qui parvinrent à la royauté à l'âge d'homme et purent rêgner sans partage.

Il fit connaître son autorité par les Saxons, les Gascons et les Bretons, intervint dans les affaires intérieures du royaume wisigothes d'Espagne et tenta de s'opposer, avec les Saxons, les Thuringiens, les Alamans et les Lombards, à la poussée de la nouvelles puissance salve. Son prestige atteignit l'Orient, où l'empereur de Byzance reçut ses ambassadeurs.

Contrairement au climat froid et humide de la fin du VIème siècle qui avait généré des famines et favorisé de nombreuses épidémies (peste et dysenterie), le début du VIIème siècle connaît un temps plus clément permettant un accroissement de la production céréalière corroborée par une accélération du défrichement. Ce qui fut d'autant plus favorable au règne de Dagobert.

Le prestige personnel de Dagobert, qui lui assura la souimission absolue de son royaume, fut tel, hors de ce royaume, qu'aucun roi des Francs ne l'égala plus avant l'avènement de Pépin le Bref.